L’œuvre Tree de Paul McCarthy, de toute évidence, confronte la perception de l’art qu’ont certains, nombreux. Elle a suscité la fameuse petite expression «ce n’est pas de l’art» souvent avec hargne et mépris, comme il est coutume lorsqu’il y a scandale. Elle a même provoqué des gestes regrettables, comme il arrive parfois quand il est hors de question d’accepter quelque chose.
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Je ne vois pas comme une mauvaise chose que cette œuvre bouscule les idées. Au contraire. N’est-ce pas ce qu’on attend de l’art? Ce qui me choque dans cette histoire c’est que l’on plie énormément devant cette conception de l’art plutôt tranquille et terre-à-terre qu’ont les gens. L’œuvre est vandalisée, on la démonte.
Dans le tumulte des réactions, un commentaire m’a frappé: «Quand cessera-t-on de nous imposer n’importe quoi en nous disant que c’est de l’art?». J’ai bien sûr aussitôt pensé que c’était tout juste ce que faisait la personne qui a écrit ces mots, comme toutes les autres qui se sont opposées à la nature artistique de l’œuvre de McCarthy. Peut-on en déduire que c’est ce que tout le monde fait? Nous nous opposerions dans un éternel combat, défendant notre conception de l’art, espérant la voir triompher?
S’il s’agissait du choc de deux façons de voir, ce serait simple, ce serait tout. Ou ce serait peut-être le début d’un échange enrichissant. En tout cas, on ne reculerait pas toujours dès le scandale éclaté. L’œuvre de McCarthy, avouons-le, serait inefficace si tous et toutes étaient dotés d’une grande ouverture d’esprit. C’est un jeu, un jeu ayant pour objectif le rejet et pour méthode l’attaque des valeurs prédominantes.
La masse est si sensible sur certains points. Elle donne parfois l’impression de se scandaliser facilement. C’est cette sensibilité que l’artiste contemporain exploite. Pour preuve, ces scandales soulèvent-ils des questions? Éveillent-ils des doutes? A-t-on droit à des conversions, des prises de conscience? Nenni. Ils agissent positivement sur ceux et celles déjà prédisposés et ne font que permettre aux autres de renforcer leurs idées, quelles qu’elles soient. Les enjeux ne sont donc pas là. Il s’agirait plutôt d’une recherche de reconnaissance et de distinction.
Je terminerai en répondant à cet autre commentaire qu’a provoqué l’œuvre qui nous concerne: «Doit-on tout accepter ce qu’on nous présente comme étant de l’art?». Non. L’art s’en trouverait en péril. Il ne faut pas renoncer aux rôles qui nous incombent: les artistes font des œuvres, la masse les rejette.
Une réflexion qui ne manque pas d’intérêt (signalée par Bustin Garin): Quand l’art se dégonfle.
Pour en savoir davantage sur l’œuvre de Paul McCarthy: Paul contre le mccarthysme.
Voyez aussi l’article d’Actuart: Paul Mccarthy «Chocolate Factory».
Quelques dessins humoristiques concernant l’œuvre qui nous préoccupe.
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